Lorsque l'on parle du Tai chi chuan, ou Taiji Quan, on évoque cet art martial chinois qui se déroule comme une lente et mystérieuse chorégraphie. Cette discipline possède une histoire, et a subi de multiples évolutions au cours des deux derniers siècles. S'il existe un Tai chi (ou Tai ji), principe immuable qui gouverne l'univers, il existe différents Tai Chi Chuan en fonction des clans au sein desquels ils sont nés, et des modifications qu'ils ont subies avec le temps.

Le premier Tai chi chuan de la famille Chen

Tout le monde ou presque s'accorde à dire que le Tai chi chuan est né dans la famille Chen, au XVIIe siècle, dans le village de Chen Jiagou. Son premier représentant, Chen Wangting aurait été le premier à nommer cette « boxe » taiji quan. Mais il faut garder à l'esprit que l'esprit de cette « boxe » existait déjà bien avant, sans qu'elle ait été formalisée. La famille Chen a donc le mérite d'avoir donner une certaine officialisation de la technique et, par son enseignement, a permis sa diffusion.

L'école Chen se divise en de nombreuses ramifications : les deux principales sont le Lao Jia (forme ancienne) et le Xin Jia (forme nouvelle, créée par un descendant de la famille Chen au début du XXe siècle, Chen Fake. Une troisième forme, réservée aux pratiquants expérimentés, appelée Er lu pao chui, est une forme très martiale, dont la pratique utilise un travail plus « explosif ».

La naissance de l'école Yang

La petite histoire raconte qu'un jardinier du nom de Yang Fukui, employé dans la famille Chen au début du XIXe siècle, passionné par les arts martiaux, se mit à espionner les membres de la famille en train de s'entraîner au Tai chi chuan, tant et si bien qu'il en assimila parfaitement les principes, et qu'il s'entraîna en cachette des années durant. Un jour, un célèbre maître de boxe vint défier en combat le chef de la famille Chen, qui, ce jour-là, était souffrant et refusa le combat. Pour éviter à son maître de perdre la face, Yang Luchan se présenta devant le visiteur et lui dit : « Si tu parviens à me battre, tu pourras te mesurer à mon maître, qui ne veut pas se déplacer pour rien. » Le combat fut à peine commencé que Yang Luchan en une seconde mit son adversaire K.O. ; celui-ci dépité s'en alla en boitant et sans se retourner.

Apprenant que son jardinier avait sauvé son honneur, Chen Chang Xing le fit venir devant lui et découvrit à quel point le petit jardinier avait dépassé ses propres fils en art et en souplesse. Il lui donna donc un enseignement privé et Yang devint le plus célèbre boxeur de son temps, invaincu à chaque fois, au point qu'on lui donna le nom de Yang l'Invincible, Yang Luchan.

Yang Luchan créa sa propre boxe, qui devint le plus célèbre Tai chi chuan, celui de l'école Yang.

Elle se divise en de nombreuses ramifications.

Les ramifications du tai chi chuan de l'école Yang

• Le Yang originel
• La forme en 24 mouvements ou « forme courte de Pékin », créée sous le régime maoïste après la fermeture des écoles secrètes. C'est la forme la plus répandue en Chine, ayant été rendue quasiment obligatoire par le régime communiste après la révolution culturelle.
• La forme en 108 mouvements, prolongation de la forme de Pékin
• Le Yangjia michuan Taiji quan (transmission secrète de la famille Yang), beaucoup plus longue que les autres avec ses 139 mouvements.

Les autres écoles dérivées des styles Yang et Chen

On connaît également le style Wu Hao, avec une forme en 37 mouvements, et une forme en 81 mouvements.

Le style Sun quant à lui (créé par Sun Lutang) est une forme qui assimile un peu de toutes les autres écoles.

Le style Tung, descendant du Yang originel, composé de 89 mouvements.

Pourquoi tant de styles différents de Tai chi chuan ?

Le Tai chi chuan est une langue vivante, qui, hormis sur ses principes de base et ses textes classiques, se permet d'évoluer, de suivre les réflexions et les améliorations des maîtres qui se succèdent à chaque époque. Ces maîtres ensuite transmettent leur enseignement à leurs fils ou à leurs disciples qui poursuivent un important travail de recherche vers une efficacité toujours plus grande. Ainsi, chaque famille peut donner naissance à chaque génération à une nouvelle forme de Tai chi chuan.

Est-ce grave docteur ? Non, puisque quel que soit le style que l'on pratique, il s'agit toujours du Tai Chi, et que c'est toujours excellent pour la santé !